Michèle BLARD

Expositions

 

Expositions personnelles et collectives

 

Novembre 2004, Nantes, "Espace Simone de Beauvoir"

 

Mai 2005, Animations de rue, Nantes "Les Belles Chaises" www.erbe-nantes.fr/belleschaises

 

Les noces

 

Si la peinture pouvait panser les misères et les douleurs du monde, elle ne pourrait le faire qu’empreinte d’un certain calme. Onguent de nos vicissitudes, baume sur nos erreurs, enduit bienfaisant mais non exempt d'une énergie latente. Nous désirons parfois une autre énergie constitutive, orientée vers le bien, le beau, le naturel, le simple et le paisible.

 

Et pourtant, bien des tableaux occupant les cimaises effectuent le contraire : Les maîtres et gardiennes de la tripe festive, du sang à peine séché, et discordes étalées en spatule postulent à I 'académie des arts zÿu laid, dont les portes s'ouvrent pour en aérer I 'odeur.

 

Alors, Michèle Blard, que l'on n'attendait pas, a fort à faire dans sa cuisine atelier, nantie de son amour pour un monde de l'espoir, de la gaieté profonde. Un monde de joie tranquille où la constitution de nos désirs passe par le plan pictural, plan de recherche, ce vieux malmené qui échappe encore à toute définition.

 

Longtemps elle a connu l'empêchement de peindre, I 'obligation ménagère, I 'horizon croûtal ; et maintenant ses plans les plus aboutis renversent la vapeur, offrent leur sourire, leur sensibilité à fleur de peau humaine, leur valeur claire, ou sombre, telle un paysage du mental apaisé, mais non sans profondeur.

 

Et voilà que sa peinture vibre longtemps telle une géologie récente, par superposition d’une matière industrielle non polluante et de paysages fluides, très peu juxtaposés, liés par une colle de fée. Colle de l’amour des autres avec lucidité. Ainsi la colle u temps et la lumière s'épousent ? Il est vrai que Michèle Blard rend ici I 'amour qu'0n lui porte et qui est conséquence de l'amour sain qu'elle porte aux autres. Substance reliant s'il en est.

 

Les paysages mentaux sont empreints delà fluidité des songes savoureux delà substance du monde, dont la vibration fine engendre des accidents drolatiques, des grumeaux e vie, des flaques et macules intégrées au soleil radiant.

 

C’est assez pour en noter en quelques lignes gratifiantes la nature de son travail tremblé et incertain. Faire vibrer la possibilité d’un monde moins immonde n'est pas naïveté, mais résistance et combat d'artiste dont je salue dès lors les productions les plus abouties.

 

Evidemment qu'il y a des déchets dans toute élaboration. Des tableaux moins exaltants ou plus pâlots, mais le tri nous montre ici les émergences, les souffles de I 'humain traversant celles et ceux qui aspirent et produisent encore ces ultimes tremblés de la nature animale, pensant sans mots dans le silence musical des étendues cosmiques inspirant notre terre.

 

Alain Gunst