Je peins par terre...

 

Je peins par terre, les châssis tendus de toile de lin ou les papiers posés sur le sol de l'atelier. Je peins avec des huiles, j'ai un besoin physique de l'odeur de l'huile de lin et de la térébenthine...

 

J'aime toucher la peinture, regarder en m'approchant, changer la distance, partir, revenir, avancer jusqu'au flou... Je cherche l'émotion, l'humanité. Cela tient de la magie, d'un concours de circonstances où tout est fragile. Ne rien imposer. Attendre les rencontres fortuites, éphémères ou durables, ordinaires ou passionnées. Les peintures présentées aux Vendémiaires font partie d'une série réalisée en septembre et octobre 2003, sous l'ardeur toujours présente de la fameuse canicule. Je me suis imbibé de cette chaleur, de cette terre calcinée, de cette brume de poussière parfumée. Imbibé au point d'en être obsédé. Insidieusement. Durablement.

 

Mais quand je peins, ce qui me fait agir, choisir, faire, défaire, c'est l'action même de peindre. Au moment même où je peins, je suis déconnecté de toute forme de pensée. Il n'y que la couleur, le pinceau, le geste. C'est après que j'observe, que je réfléchis.

 

Faire simple... aller à l'essentiel, voilà la grande affaire. Quand je n'y arrive pas ça se voit, c'est besogneux tout le monde s'ennuie. Par contre, quelquefois ça ressemble à des instants de grand bonheur, une sorte d'état de grâce...