Au fil de son évolution, la peinture d'Ahmed DJELILATE s'affirme comme la résurgence d'une esthétique populaire, sensible, forte, émouvante. Dans son cas, la recherche autodidacte a pour but de regagner une identité profonde, cette assurance culturelle qu'aucune école ne peut enseigner... si ce n'est l’école buissonnière. C'est surtout dans les difficultés de la vie sociale que cette peinture a pris son essor. Extrêmement chargée de sens, elle a d'emblée été investie de la mission d'une reconquête de soi.

 

Né en Algérie, d'une famille appartenant à la tribu nomade des Beni Aougba, Ahmed DJELILATE vit, depuis son enfance, à Lodève. C’est là qu'il s'est littéralement lancé dans la peinture, par une nécessité absolue, quasi surréaliste. Ce poète de la couleur s'est très vite situé du côté des aventuriers de l'art. Il n'a jamais pu faire autrement que de suivre une certaine idée de la création, sans tenir compte des préjugés.

 

C’est ainsi qu'il a exploré, religieusement, l'art des paysages et même des paysages célestes ; ainsi qu'il s'est habitué à confectionner des œuvres à partir de matériaux récupérés ; ainsi qu'il a appris à s'abîmer dans la répétition de gestes humbles, ”jusqu'à l'extase...".

 

D'expérience en expérience, Ahmed DJELILATE a renoué presque inconsciemment avec un monde où les artisans étaient artistes : Orfèvres, tisserands, calligraphes... Depuis, c'est l'univers enchanté des

 

Mille et Une Nuits qui s'ouvre, lorsqu'il peint, tisse, coud, rehausse d’or et orne d'inscriptions. Mais c'est aussi le monde d'aujourd'hui.

 

Bernard DERRIEU / 27 mai 1998